HISTOIRE DES BOUCHARD

Claude Bouchard est un des premiers colons à s’installer au Québec au milieu du 17e siècle. D’abord installée dans la région de Charlevoix, à Petite-Rivière-Saint-François, près de Baie-Saint-Paul, la famille des descendants de Claude Bouchard migre vers le nord et s’installe au Lac-Saint-Jean, terre devenue cultivable après le grand incendie de l’année 1870. Au début du 20e siècle, la famille Bouchard acquiert du gouvernement un terrain aujourd’hui considéré comme la terre familiale depuis cinq générations dans le rang Saint-Eusèbe, à Saint-Félicien.

Le sol du secteur du rang Saint-Eusèbe, à Saint-Félicien, est léger, sablonneux et contient du limon. François-Nil, grand-père des nouveaux propriétaires de l’entreprise Annie Bouchard et Carl Bouchard, avec Valérie Lefebvre, est un des premiers cultivateurs à Saint-Félicien à avoir un tracteur. À cette époque, la répartition du travail est la suivante : le grand-père travaille dans le bois, la grand-mère gère la ferme et les enfants y sont des aidants volontaires.

Issus d’une famille de 15 enfants, Gérard et Rodrigue Bouchard, respectivement père et oncle d’Annie et de Carl, sont les premiers de la famille à travailler comme agriculteurs à temps plein. En 1971, Gérard achète la terre voisine de celle de son père et travaille avec lui pendant près de cinq ans, bientôt rejoint par Rodrigue. Résistant d’instinct tous deux à l’émergence des engrais chimiques dans les années 70, les deux frères amorcent une recherche sur la gestion des sols et la santé animale.

La santé précaire de leurs animaux, la légèreté du sol peu propice à l’agriculture et les problèmes financiers poussent Gérard et Rodrigue à s’intéresser à l’agriculture biologique. La lecture du livre Engrais vert et fertilité du sol, de Joseph Pousset, constitue une révélation pour eux et ils entreprennent de valoriser les plantes qui poussent à l’état naturel plutôt que de chercher à modifier leur sol. À force d’essais et d’expérimentations, ils éliminent le fourrage unique recommandé par l’industrie agroalimentaire de l’époque. Ils recherchent l’équilibre et conçoivent une philosophie d’exploitation basée sur la qualité de vie, la santé du sol et des animaux ainsi que sur le pouvoir décisionnel de l’agriculteur qui est le seul à bien connaître son milieu.

«Nous avons constaté qu’il faut nourrir nos vaches avec de l’herbe pour qu’elles soient en bonne santé. Prendre le fumier des animaux pour enrichir les champs et leur donner un fourrage équilibré qui pousse sur notre terre. Lorsqu’elles sont à l’extérieur, les vaches ont accès à une vaste variété de plantes. Nous leur offrons cette même variété pendant les mois d’hiver», affirment-ils toujours avec conviction, 45 ans plus tard !

Pionniers de l’agriculture biologique dans les années 80 et surnommés les irréductibles Gaulois du Lac-Saint-Jean, Gérard et Rodrigue font partie du rare 1 % des agriculteurs québécois qui adoptent l’agriculture biologique, celle qui respecte le milieu et le vivant. Ils poursuivent ainsi leurs recherches et leurs innovations sans relâche en espérant atteindre un équilibre de vie et de santé. Après 45 ans, juste retour du balancier, Gérard et Rodrigue donnent des conférences et des cours qu’ils ont eux-mêmes créés sur cette agriculture biologique qui est la clé de leur succès.

À la ferme de BOUCHARD Artisan Bio, 180 vaches Holstein dont 105 en lactation mangent aujourd’hui de l’herbe, c’est-à-dire 15 variétés de plantes qui leur procurent protéines, vitamines et minéraux. Le lait qu’elles produisent présente un bel équilibre d’oméga 3 et d’oméga 6. En santé, ces vaches voient très peu le vétérinaire grâce à la nourriture équilibrée qui leur est offerte.

La fromagerie a été fondée en 1993. La production de produits laitiers biologiques fermiers variés et d’excellente qualité est, depuis, l’objet de recherche, d’innovation et de fierté de ses gestionnaires et employés.

BOUCHARD Artisan Bio est convaincue que l’agriculture biologique qu’elle pratique perdurera, que son avenir passe notamment par la sensibilisation et l’éducation du public grâce au partage de savoirs et d’expériences ainsi que par des partenariats avec d’autres agriculteurs et éleveurs dont la recherche et les préoccupations sont semblables.

Son objectif est de poursuivre sa production de qualité et de rentabiliser l’entreprise dans le respect de ses valeurs. Il s’agit notamment de contrer la tendance actuelle de la production industrielle et de miser sur les particularités de l’agriculture nordique, de l’AgroBoréal, comme élément distinctif et comme saveur d’exception.

De gauche à droite : Pierre Bouchard, Lyse Rosa, Rodrigue Bouchard, Suzie Brassard, Valérie Lefebvre, Gérard Bouchard, Carl Bouchard, et Annie Bouchard.